Crime et châtiment
Il y a des mots comme ça qui font irruption dans nos vies comme un boulet de canon. “Confinement” en mars 2020. “Bétharram” en février 2025.
Enfin, ce n’est pas vrai pour tout le monde. Car à Pau, l’établissement catholique était connu comme le loup blanc depuis bien longtemps. “Sois sage, sinon Bétharram” disait-on dans la région. L’équivalent du “Coëtquidan” de ma famille. Et si vous ne connaissez pas Coëtquidan, vous aurez compris que vous n’avez pas envie d’y passer vos dimanches.
Ces dernières semaines, la France entière a découvert les horreurs qui s’y sont commises depuis 70 ans. Parmi les découvertes, un fait, presque anecdotique en comparaison des autres atrocités, a retenu mon attention : la punition du perron.
Voici des enfants, en pyjamas, forcés à rester plusieurs heures voire toute la nuit, sur le perron de l’établissement, dans le froid, même en hiver. Ça leur apprendra à chuchoter dans les dortoirs.
“Punition”. Ce mot, on ne l’utilise plus trop en 2025. On a même compris que laisser un enfant dehors, toute une nuit, avec pour seule compagnie le froid des Pyrénées, ce n’est pas une punition mais un crime.
Cette confusion, la mythologie grecque aime en jouer. Et elle raffole des histoires de châtiments divins où dieux et déesses prennent un sacré plaisir à punir de parfaits innocents. On pense bien sûr au pauvre Actéon qui surprend par hasard Artémis nue en train de prendre son bain et qui se voit transformé en cerf puis dévoré par ses propre chiens.
D’autres fois, on reconnaît une faute mais on s'effraie de la disproportion de la réaction. Tantale qui vole un peu de nectar et d’ambroisie pour les partager avec ses amis mortels et qui se voit condamné à ne plus jamais satisfaire sa faim. Ou Prométhée, voleur du feu sacré pour le donner aux humains, voué pour l’éternité à se faire manger le foie chaque nuit par un aigle.
Le supplice de Tantale vu depuis le XIXème siècle. Lithographie d’Honoré Daumier (1841) pour la revue satirique Charivari
Mais heureusement, la mythologie nous offre aussi des histoires de punitions bien plus réjouissantes. Le genre où le méchant paye la monnaie de sa pièce. Et le méchant, aujourd’hui, il s’appelle Ixion.
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