Les portes du pénitencier

Crime et châtiment

Bonne nouvelle, Cassandre
4 min ⋅ 09/03/2025

Il y a des mots comme ça qui font irruption dans nos vies comme un boulet de canon. “Confinement” en mars 2020. “Bétharram” en février 2025.

Enfin, ce n’est pas vrai pour tout le monde. Car à Pau, l’établissement catholique était connu comme le loup blanc depuis bien longtemps. “Sois sage, sinon Bétharram” disait-on dans la région. L’équivalent du “Coëtquidan” de ma famille. Et si vous ne connaissez pas Coëtquidan, vous aurez compris que vous n’avez pas envie d’y passer vos dimanches.

Ces dernières semaines, la France entière a découvert les horreurs qui s’y sont commises depuis 70 ans. Parmi les découvertes, un fait, presque anecdotique en comparaison des autres atrocités, a retenu mon attention : la punition du perron.

Voici des enfants, en pyjamas, forcés à rester plusieurs heures voire toute la nuit, sur le perron de l’établissement, dans le froid, même en hiver. Ça leur apprendra à chuchoter dans les dortoirs.

“Punition”. Ce mot, on ne l’utilise plus trop en 2025. On a même compris que laisser un enfant dehors, toute une nuit, avec pour seule compagnie le froid des Pyrénées, ce n’est pas une punition mais un crime.

Cette confusion, la mythologie grecque aime en jouer. Et elle raffole des histoires de châtiments divins où dieux et déesses prennent un sacré plaisir à punir de parfaits innocents. On pense bien sûr au pauvre Actéon qui surprend par hasard Artémis nue en train de prendre son bain et qui se voit transformé en cerf puis dévoré par ses propre chiens.

D’autres fois, on reconnaît une faute mais on s'effraie de la disproportion de la réaction. Tantale qui vole un peu de nectar et d’ambroisie pour les partager avec ses amis mortels et qui se voit condamné à ne plus jamais satisfaire sa faim. Ou Prométhée, voleur du feu sacré pour le donner aux humains, voué pour l’éternité à se faire manger le foie chaque nuit par un aigle.

Le supplice de Tantale vu depuis le XIXème siècle. Lithographie d’Honoré Daumier (1841) pour la revue satirique Charivari

Mais heureusement, la mythologie nous offre aussi des histoires de punitions bien plus réjouissantes. Le genre où le méchant paye la monnaie de sa pièce. Et le méchant, aujourd’hui, il s’appelle Ixion.

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Bonne nouvelle, Cassandre

Par Manon Desportes

Mon intermédiaire ? Je m’appelle Manon et je vis à Marseille. 

Mais c’est en Crète que ce projet d’écriture à commencé. Car dans une vie précédente, j’ai vendu de l’huile bio crétoise à travers le projet Adravasti, adopte un olivier, débuté en décembre 2015. Tous les mois, pendant huit ans, j’ai raconté l’envers du décor de la production d’huile d’olive. La taille des arbres en février, la floraison en mai, la récolte en novembre. Chaque année, nos oliviers m’ont raconté la même histoire. Alors pour casser la routine, j’ai commencé à élargir mes horizons. La Crète comme sujet d’étude, celle d’aujourd’hui, mais aussi celle d’hier. Justement, de la naissance de Zeus au Minotaure, l’île est omniprésente dans les récits mythologiques. Quel joli prétexte pour me replonger dans le sujet qui a porté mon enfance et mon adolescence : la mythologie grecque ! 

Pendant huit années, les dieux et déesses ont accompagné mes écrits et ma vie. De jeune entrepreneure à jeune maman, Déméter, Hermès et Leto m’ont servi de guides parfois, de repoussoirs souvent. Quand l’entreprise Adravasti, s’arrête en septembre 2023, je sais immédiatement que la lettre qui l’accompagnait, elle, est vouée à durer. Adieu les oliviers, on se retrouvera. À présent, Kessel sera notre nouvelle agora !

Nouveau venu ou fidèle de la première heure, je vous accueille dans cette nouvelle version de ma lettre mensuelle. Ici, nous décortiquerons des mythes, souvent méconnus, pour mieux comprendre notre monde contemporain, l’analyser et aussi s’en moquer. Bienvenue à vous et place aux mythes !