Touche pas au grisbi

Argent trop cher

Bonne nouvelle, Cassandre
6 min ⋅ 02/02/2025

Un petit mot avant de commencer : 
Cette lettre a un an ! Je profite donc de cet anniversaire (qui coïncide d’ailleurs avec le mien) pour faire le bilan. Côté positif, je prends toujours un plaisir fou à découvrir et redécouvrir avec vous des histoires de mythologie. Je suis aussi ravie de voir que vous êtes très nombreux et nombreuses à me lire, plus encore que du temps d’Adravasti (chaque lettre est ouverte plus de 2 000 fois !). Mais si vous êtes beaucoup à ouvrir mes emails, vous êtes bien moins nombreux à souscrire à l’abonnement payant. Alors pour savoir si j’ai une chance de fêter un deuxième anniversaire, je vous ai concocté un mini sondage (vraiment mini) pour essayer d’y voir plus clair. Le voici : https://forms.gle/zQGzGRd4XX4VjpXB7
Je profite aussi de cette édition anniversaire pour rappeler qu’en vous abonnant, vous aurez accès aux 12 dernières lettres en intégralité. 
Bonne lecture !


Nous sommes le lundi 20 janvier à Washington et Donald Trump va redevenir président des États-Unis dans quelques instants. Sur les écrans, on aperçoit derrière lui des visages familiers. Une liste toute en dollars : Elon Musk (420 milliards), Jeff Bezos (250 milliards), Mark Zuckerberg (230 milliards), Bernard Arnault (200 milliards)… 

Dollar dollar dollar, jamais évènement politique ne nous a amené à autant parler de gros sous. 

Perplexe, j’observe cette fascination ultra assumée pour l’argent de ce président lui même milliardaire. Je crois que l’air du temps me dépasse un peu. Le moment est-il venu pour moi de troquer Edith Hamilton pour Forbes et ses éditions spéciales « hommes les plus riches du monde » ? 

Il faut dire, depuis tout ce temps, la mythologie ne m’a pas appris grand chose sur l’argent. 

Car en comparaison avec notre société où l’alpha et l’oméga se comptent en dollars, la discrétion de l’argent dans les mythes grecs saute aux yeux. Vous me direz, les mythes traitent des affaires des divinités, qui n’ont donc pas besoin de sortir leur carte bleue pour obtenir ce qu’elles veulent. Soit. Mais c’est oublier que ce sont les hommes et les femmes qui font les intrigues. Les femmes convoitées par Zeus, celles qui se sacrifient pour la cause, les rois qui se mesurent aux dieux, les héros qui rusent et combattent. Pourquoi n’étaient-ils pas, eux, obsédés comme nous le sommes par la chose monétaire ? 

Le sujet n’est pas éludé pour autant. D’ailleurs, riches et pauvres parsèment les mythes. Encore que le pauvre le plus illustre n’en est pas un : c’est Ulysse, roi d’Ithaque, déguisé en mendiant. En revanche, les Crésus et Midas ne manquent pas. Et c’est presque toujours pour dénoncer la cupidité des plus fortunés. C’est le vice de Sisyphe, que vous imaginez peut-être heureux ou plus sûrement en train de pousser un gros rocher. Mais avant de se retrouver sur sa montagne maudite, il était roi et fondateur de Corinthe, citée construite sur l’isthme qui porte son nom. Un emplacement stratégique puisque c’est le seul passage pour se rendre de Grèce continentale au Péloponnèse. Ce qui permet à notre rusé de rançonner tous les Athéniens qui souhaitent passer… et se remplir allègrement les poches. Cet argent bien mal acquis, Sisyphe le dépense pour se faire construire un immense palais sur les hauteurs de la ville. Le reste de l’histoire, son insolence envers Zeus et sa punition célèbre, tout n’est que le résultat de cette cupidité originelle. 

Crésus montre à Solon sa richesse de Poorter Willem (XVIIème siècle)

Oui, pour les divinités de l’Olympe, aimer l’argent, c’est mal vu. Et le mythe du jour dans lequel l’avarice vient flirter avec la profonde bêtise en est le plus savoureux des exemples ! On y croise des filles nues, des juments pas comme les autres et même pas mal de sucs gastriques (oui, je suis prête à tout pour vous inciter à vous abonner). 

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Bonne nouvelle, Cassandre

Bonne nouvelle, Cassandre

Par Manon Desportes

Mon intermédiaire ? Je m’appelle Manon et je vis à Marseille. 

Mais c’est en Crète que ce projet d’écriture à commencé. Car dans une vie précédente, j’ai vendu de l’huile bio crétoise à travers le projet Adravasti, adopte un olivier, débuté en décembre 2015. Tous les mois, pendant huit ans, j’ai raconté l’envers du décor de la production d’huile d’olive. La taille des arbres en février, la floraison en mai, la récolte en novembre. Chaque année, nos oliviers m’ont raconté la même histoire. Alors pour casser la routine, j’ai commencé à élargir mes horizons. La Crète comme sujet d’étude, celle d’aujourd’hui, mais aussi celle d’hier. Justement, de la naissance de Zeus au Minotaure, l’île est omniprésente dans les récits mythologiques. Quel joli prétexte pour me replonger dans le sujet qui a porté mon enfance et mon adolescence : la mythologie grecque ! 

Pendant huit années, les dieux et déesses ont accompagné mes écrits et ma vie. De jeune entrepreneure à jeune maman, Déméter, Hermès et Leto m’ont servi de guides parfois, de repoussoirs souvent. Quand l’entreprise Adravasti, s’arrête en septembre 2023, je sais immédiatement que la lettre qui l’accompagnait, elle, est vouée à durer. Adieu les oliviers, on se retrouvera. À présent, Kessel sera notre nouvelle agora !

Nouveau venu ou fidèle de la première heure, je vous accueille dans cette nouvelle version de ma lettre mensuelle. Ici, nous décortiquerons des mythes, souvent méconnus, pour mieux comprendre notre monde contemporain, l’analyser et aussi s’en moquer. Bienvenue à vous et place aux mythes !