Bonne nouvelle, Cassandre

Quand la mythologie grecque résonne avec le monde d’aujourd’hui

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Par Manon Desportes
1 déc. · 4 mn à lire
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Gloire aux bons à rien !

La hache ne fait pas le bucheron

Un mot avant de commencer : Si pour vous la vie est simple, bravo, vous pouvez passer votre chemin. Je m’adresse aux autres. À celles et ceux qui voulaient une brioche au sucre et qui repartent avec un pain au raisin. À toutes les personnes qui essayent de s’abonner à leur lettre préférée sur la mythologie et qui tombent dans un labyrinthe de liens sans queue ni tête, de tours et détours informatiques qui semblent hurler “passer votre chemin”. À vous, je dis : ne laissons pas la folie du monde s’interposer entre vous et moi. Voici la marche à suivre.

  • Quand vous arrivez au moment où vous vous dites “Que se passe-t-il après ??” Cliquez sur le lien d’abonnement qui s’affiche.
    Premier piège : on vous indique de vous connecter à votre espace personnel Kessel que vous n’avez jamais créé. 

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  • Suivez les instructions : remplissez votre adresse mail et retrouvez le fameux lien dans votre boîte de réception (le plus probablement dans votre courrier indésirable car oui, rien ne sera simple)

  • Alléluia, vous devriez alors pouvoir choisir votre formule d’abonnement (sinon, écrivez-moi en répondant à ce mail !).


Le 30 septembre dernier, Valérie Pécresse réclame un “comité de la hache” pour couper dans les dépenses publiques. Quelques semaines plus tard, la même présidente de la région IDF s’enthousiasme Un comité de la hache anti-bureaucratique, j’en ai rêvé et Elon Musk va le faire !”  en affichant un communiqué de la Maison Blanche daté du 13 novembre. Décidément, il semblerait qu’une simple hache soit en mesure de résoudre bien des problèmes, d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique…

Mon esprit s’évade alors vers des contrées mythologiques. Vers les palais minoens et leurs omniprésentes doubles haches, trop lourdes pour être soulevées, trop fragiles pour être utilisées. Inoffensives à Knossos quand elles entourent la grande prêtresse, elles deviennent sanglantes dans les mains des Amazones ou dans celles d’Artémis. Car la hache est un attribut essentiellement féminin dans la mythologie, loin, bien loin de notre imaginaire viril et bûcheronnant. 

Oubliez les haches grossières qui coupent sans chichi ! Les divinités grecques semblent estimer bien plus que nous cet outil délicat. Un mythe essentiel d’ailleurs, met une hache en scène : la naissance d’Athéna où Héphaïstos fend la tête de Zeus avec une hache fabriquée par ses soins pour en faire sortir la déesse. Ici, la hache est un outil de grande précision, capable, entre les bonnes mains, de la plus fine des chirurgies. 

Minerve naissant toute armée du cerveau de Jupiter de René-Antoine Houasse (1688)

Mais bien sûr ! Ce n’est pas la hache qui compte mais les mains qui la manient. 

Celles de la chasseuse, de la guerrière ou du forgeron. L’outil n’est rien sans l’artisan et c’est donc de lui que je veux vous parler aujourd’hui : Héphaïstos, le dieu de la forge que j’ai un peu malmené lors de la précédente lettre. Car comme sa hache, il cache sous un extérieur balourd une immense délicatesse. Dans cette lettre, nous verrons que pour le dieu, le talent est une malédiction que les autres divinités, plus ingrates les une que les autres, exploitent sans vergogne ! Laissons-lui la parole, il en a gros sur la patate.

Si vous avez suivi le chapitre précédent, vous savez qu’Héphaïstos est très, mais alors très rancunier. Il faut dire qu’il en a bavé. 

Commençons par le commencement. Héphaïstos est le fils d’Héra. Un père ? Non, il est né d’une parthénogenèse, les déesses ont ce privilège. Hélas, il est si laid à la naissance que sa mère dégoutée le jette du haut de l’Olympe. Fort heureusement, le nourrisson atterrit sans heurts dans la mer et y est secouru par la nymphe Thétis et sa fille Eurynomé. Dans leur grotte sous-marine, le dieu connaît des jours heureux et développe un goût pour les activités manuelles. Ses nourrices lui installent même une petite forge, version antique de nos dinettes. Pour les remercier, le jeune Héphaïstos les couvre de cadeaux. 

Tout bascule un jour de décembre. De passage sur l’Olympe, Thétis croise Héra, qu’elle évitait consciencieusement depuis des mois. La reine remarque la broche remarquable portée par la nymphe. Où t’es-tu procuré un tel chef d'œuvre, Thétis ? La Néréide esquive mais Héra insiste. 

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